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Aïda Muluneh: Voilà où je suis

À Propos de l’Exposition

Née en Éthiopie et aujourd’hui installée en Côte d’Ivoire, Aïda Muluneh crée des photos saisissantes, reflets de son identité nationale, politique et culturelle. Par le biais des métaphores, elle produit des clichés qui dépeignent de manière poétique les diverses facettes de ses expériences en tant qu’Éthiopienne et immigrante. Après avoir quitté son pays alors qu’elle n’était encore qu’une enfant, Aïda Muluneh a grandi au Yémen et en Angleterre, puis a vécu à Chypre et au Canada avant de partir faire ses études universitaires aux États-Unis. Son œuvre reflète son désir profond de partager des perspectives résolument africaines complexes, ainsi que son périple personnel aux quatre coins du monde. Voilà où je suis est une exposition présentant 12 nouvelles œuvres d’Aïda Muluneh (née en 1974 à Addis-Abeba, Éthiopie) qui seront affichées dans plus de 330 arrêts de bus JCDecaux à New York, Boston et Chicago aux États-Unis, et à Abidjan en Côte d’Ivoire. 

Pour cette nouvelle série de photos, l’artiste s’est inspirée du texte du poète éthiopien Tsegaye Gabre-Medhin, « Voilà où je suis », écrit en 1974, année de la naissance d’Aïda Muluneh et du début de la Révolution éthiopienne. Le poème et les photos qu’il a inspirées sont profondément personnels. Sur des fonds méticuleusement peints à la main, les photos d’Aïda Muluneh sont autant d’allégories : dépassement de soi face aux épreuves, recherche de la vérité, et résilience d’une nation. 

Ces œuvres font référence à divers genres artistiques et influences culturelles : surréalisme, tableaux de la Renaissance, portraits en studio d’Afrique de l’Ouest, fresques murales d’églises éthiopiennes et ornementations corporelles africaines, entre autres. Au centre de ses photos trônent des femmes africaines stoïques, posant majestueusement dans des compositions inspirées de l’iconographie chrétienne où motifs et repères visuels évoquent les structures sociales et formations politiques de son pays natal. Dans les œuvres hautement symboliques d’Aïda Muluneh, des motifs comme les clés, les chaises et les étoiles côtoient des accessoires servant de références culturelles comme les djebenah, récipients éthiopiens traditionnels utilisés pour la cérémonie du café. Pour Aïda Muluneh, l’œil, qui revient sans cesse dans son travail, renvoie aux façons dont les gens réagissent aux événements historiques, en témoignent ou s’en détournent. À la fois porteuse d’espoir et instigatrice de débat franc et honnête, l’exposition Voilà où je suis est l’hommage vibrant d’Aïda Muluneh à son pays d’origine, l’Éthiopie.

Découvrez l’exposition en anglais et en espagnol.

Déclaration de l’artiste

Le silence assourdissant de la guerre et de la mort résonne constamment dans mon esprit. Pour beaucoup, nous sommes les simples spectateurs de l’effondrement de mondes distants, éloignés d’une réalité dont nous ne sommes que des observateurs impuissants… nos mots sont des boucliers de vertu et de droiture, mais nos actions sont des gestes vides de lâches. À l’époque dans laquelle nous vivons, ceux qui n’ont pas notre chance naviguent entre mort et destruction, car l’histoire est le témoin, et la guerre n’engendre jamais de vainqueurs, seulement des voies pour les puissants qui sont pavées du sang d’autrui. En tant qu’artistes, nous ne pouvons pas éviter de réfléchir à ces moments de l’histoire car il est difficile d’enfouir notre tristesse dans la logique ou les croyances. Je ne prends parti pour personne et je n’ai pas la prétention de comprendre les souffrances des endeuillés ni les motivations de ceux qui sont prêts à tout pour le pouvoir. Je sais que dans les larmes plaintives d’une mère effondrée, seuls subsistent ceux qui ont l’incertitude pour unique horizon. Où que nous soyons sur cette planète, le conflit d’un pays répand la haine et la colère. Le fléau que sont les conflits sans fin déchire l’humanité depuis la nuit des temps, le plus souvent au nom de la préservation de la suprématie. Et pourtant, il est difficile de ne pas reconnaître qu’ils étaient nécessaires, qu’ils ont permis la victoire. Nous nous cachons derrière un voile de mélancolie, sidérés par le sort des moins fortunés que nous, ceux dont l’innocence a été mise en pièce et pour qui un avenir plein d’espoir n’est plus qu’un souvenir.

Je n’ai pas de mots pour exprimer la tristesse qui m’habite ou la faiblesse que je ressens face au monde qui m’entoure. Car, dans le confort de ma vie, le sentiment d’impuissance qui m’envahit face à ceux qui sont frappés de malheur est en fait une faiblesse. Pour ceux qui persistent à rechercher une sécurité corrompue par l’injustice du temps et des circonstances impitoyables. Alors, je ne peux être qu’un miroir des victimes sans voix, un miroir qui remet en question la perte de notre humanité collective, une humanité qui se cache encore et toujours derrière le brouillard des privilèges et du confort alors que ceux qui ont moins de chance doivent faire face jour après jour à un avenir incertain. Quand un conflit bat son plein, il n’y a pas de bon ou de mauvais camp… pour moi, la frontière est floue et je ne sais plus où sont tous les acteurs de ces drames, mais je sais une chose : voilà où je suis.

Aïda Muluneh

À Propos de l’Artiste

Aïda Muluneh (née en 1974 en Éthiopie) vit et travaille à Abidjan, Côte d’Ivoire. Ses œuvres ont été exposées dans de nombreux pays, notamment en Afrique du Sud, au Mali, au Sénégal, en Égypte, au Canada, aux États-Unis, en France, en Allemagne, en Angleterre, en Norvège et en Chine. Certaines d’entre elles font partie des collections permanentes du Museum of Modern Art (MoMA), du Smithsonian’s National Museum of African Art, du Hood Museum, du RISD Museum of Art, et du Museum of Biblical Art des États-Unis. Son travail a été récompensé par de nombreux prix : prix de l’Union Européenne à la Biennale Africaine de la Photographie à Bamako, Mali, en 2007 ; prix international de la photographie du CRAF à Spilimbergo, Italie, en 2010 ; prix de la conservation de la Royal Photographic Society en 2020 ; bourse CatchLight Fellowship à San Francisco, États-Unis, en 2018. En 2019, elle a aussi été la première femme noire à devenir co-commissaire de l’exposition consacrée au Prix Nobel de la Paix, tout en endossant le rôle d’ambassadrice de Canon Europe. Aïda Muluneh est diplômée de Howard University à Washington D.C. (spécialisation en cinéma). Elle a fondé l’Addis Foto Fest, l’un des plus importants festivals de photographie d’Afrique.

Aïda Muluneh est la fondatrice de l’Africa Foto Fair 2022 (8 décembre 2022 – 26 mars 2023 à Abidjan, Côte d’Ivoire). L’Efie Gallery de Dubaï, Émirats Arabes Unis, a accueilli son exposition en solo, Aïda Muluneh: The Art of Advocacy (Aïda Muluneh : l’art du plaidoyer), du 12 janvier au 24 février 2023.

Installation Images

Œuvres

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